Première chaleur de printemps

Aveugle du soleil trop blanc, verticale trop éblouissante, je savoure cette lumière à la terrasse d'un café...
Indolence de l'attente, somnolence trouble de l'errance, réveil de la voix qui questionne:
_Madame?
_Un café.
Engourdissement du corps surchauffé...
Seul le vent rafraîchi à la cime des monts encore enneigés me suggère que l'Auvergne, ce n'est pas le Sahel... Chacun s'active, c'est jour de marché.
Avril, jaune de pissenlits, dans les jardins, prépare les semis.
Les bras se dénudent, le sourire s'impose, les plants coeurs de boeuf surgissent, promettent des saveurs anciennes et délicates, tentent les jardiniers...
Les rires explosent, les sons percent cette chaleur retrouvée. Premières vacances chaudes pour rêver, lézarder.  Le rouge, des armoires s'est échappé et glisse sur la peau de ces promeneurs enchantés. Le bleu est au ciel et dans nos yeux heureux de ce bonheur simple, d'une course à deux. Des vélos arrimés sur cette voiture, filent vers le sud. Du marché, une voix demande:
_ Est-ce qu'on a vendu tous les melons?
Décalage entre les saisons, ce printemps s'est déguisé!
Les melons trichent honteusement...